Vente du Doliprane : approvisionnement, souveraineté… Les enjeux derrière la possible cession du médicament par Sanofi

Par M. F. (avec AFP)

Publié le 14 octobre 2024 à 13h18, mis à jour le 14 octobre 2024 à 13h48

Le Doliprane est le médicament le plus vendu en France.

Le Doliprane est le médicament le plus vendu en France. ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

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Décryptage  L’entreprise française veut négocier avec un fonds d’investissement américain pour lui céder le contrôle de sa filiale de produits en vente libre Opella, responsable de la fabrication de l’antidouleur. Une annonce qui a déclenché une levée de boucliers dans la classe politique française pour plusieurs raisons.

Le Doliprane passera-t-il sous pavillon américain ? Les craintes sont au plus haut après l’annonce vendredi par le géant pharmaceutique français Sanofi de l’ouverture de négociations avec le fonds d’investissement américain CD & R pour lui céder le contrôle de sa filiale de produits en vente libre Opella, responsable notamment de la fabrication du Doliprane.

La filiale, présente dans une centaine de pays produit, en plus du célèbre antidouleur, une centaine de marques dont d’autres best-sellers comme le Dulcolax, la Lysopaïne ou encore le Maalox. Pour l’heure, le groupe n’a pas fourni de détails sur cette opération d’envergure. Mais la nouvelle a déclenché une bronca parmi les politiques de tous bords, qui mettent en avant les risques pour la souveraineté sanitaire française. Le gouvernement, lui, dit pouvoir garder des sites de production en France… Voir carrément bloquer la cession si nécessaire.

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• Un enjeu de « souveraineté »

Le 13 octobre, dans « la Tribune dimanche », l’ensemble des parlementaires socialistes se sont opposés à cette opération : « Le gouvernement doit refuser le rachat américain de l’usine de Lisieux [Calvados] de Sanofi, et imposer à Sanofi de préserver un contrôle national de ces activités indispensables pour notre souveraineté », écrivent-ils dans une tribune.

Un point de vue partagé par le ministre de l’Economie Antoine Armand, qui déclarait dimanche sur BFMTV : « Produire du Doliprane en France, c’est notre stratégie industrielle, et souveraine et sanitaire. Ça doit le rester. »

Il faut dire que le Doliprane est la vedette des armoires à pharmacie françaises, puisqu’il est le médicament le plus vendu en France. En 2023, Opella en produit 453 millions de boîtes et contribue à hauteur de 12 % aux 43,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires de Sanofi, souligne « le Parisien ».

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C’est donc peu de dire que la production de paracétamol est un réel enjeu pour la France. Paracétamol qui nest plus produit en Europe depuis 2008 mais est importé de Turquie, de Chine, des Etats-Unis ou d’Inde avant d’être assemblé sur deux sites en France : à Lisieux, dans le Calvados, et à Compiègne, dans l’Oise.

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Après les tensions d’approvisionnement en 2020, l’Etat avait décidé un gel des baisses du prix de l’antidouleur, réclamant en échange un engagement des labos en faveur d’une relocalisation de ce principe actif, rappelle « le Monde ». Et Emmanuel Macron d’ériger la renaissance du paracétamol tricolore en un symbole du regain de la souveraineté sanitaire française. Une usine est en cours de construction à Roussillon, en Isère, avec un objectif de début de production en 2026.

• Un risque de pénurie

Derrière les inquiétudes sur la production et l’approvisionnement du médicament, d’autres questions ont été soulevées : la vente d’Opella peut-elle mener à des hausses de prix du médicament, voire à des pénuries, comme cela a eu lieu à plusieurs reprises ces dernières années ?

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Interrogée par Radio France, l’économiste et chercheuse Nathalie Coutinet assure que les fonds d’investissement pressentis pour racheter la filiale pourraient bien décider d’une délocalisation de la production, mais aussi de réserver la vente du Doliprane à des marchés où les prix sont plus élevés… avec un risque de pénurie. Côté prix toutefois pas d’augmentation à craindre, puisque en France, il est régulé par l’Etat.

• Le ministre de l’Economie sur un site de fabrication

Cette vente suscite également la préoccupation à cause des risques de délocalisation. Face aux inquiétudes, Antoine Armand et le ministre chargé de l’Industrie Marc Ferracci se sont rendus ce lundi 14 octobre sur le site de Lisieux. Et le ministre de l’Economie de marteler que « le Doliprane continuera à être produit en France ». L’exécutif demande par ailleurs des « engagements précis », assortis de possibles « sanctions ».

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• Le gouvernement envisage de bloquer la cession

Face à la bronca, Antoine Armand assurait dès dimanche que son engagement était « que le Doliprane continue à être produit en France, par des salariés en France ». Interrogé sur une possibilité de bloquer la cession, le ministre de l’Economie a répondu : « Nous demanderons des garanties extrêmement fortes de nature à rassurer sur le moyen terme à la fois les salariés et les Français […] et si ce n’est pas le cas, rien ne me paraîtra interdit au premier abord. »

Un peu plus tôt, le ministre délégué Marc Ferracci avait déclaré sur France 3 : « Nous allons discuter de ces engagements dans le cadre de la procédure qui a été introduite ces dernières années, qu’on appelle la procédure de contrôle des investissements étrangers [qui permet éventuellement de bloquer la prise de contrôle par une entreprise étrangère, NDLR]. » « Je pense très sincèrement que des engagements seront pris, qui seront très solides, à la fois pour maintenir les emplois et pour maintenir la sécurité de l’approvisionnement des Français » en médicaments, a-t-il ajouté. Les engagements de Sanofi et du nouvel investisseur devront porter sur « le maintien de sites de production en France » et sur « le maintien de la recherche et développement en France », a-t-il encore martelé.

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