L’hôtel du Rayon Vert impose sa silhouette. Blanche statue figée par le béton et le fer, paquebot immobile qui a la proue rivée sur la voisine espagnole, il est la vigie et le symbole de Cerbère. Cerbère qui fut la première ville française que voyaient les républicains espagnols fuyant le franquisme, sur les routes de La Retirada. Cerbère qui fut aussi la dernière ville française que voyaient ceux qui voulaient échapper à la barbarie nazie. Antonio Machado ira s’éteindre quelques kilomètres plus loin, à Collioure. Le poète espagnol est dévasté par la maladie et étreint par la perte de la liberté et du pays natal. Walter Benjamin, le philosophe allemand, ira mourir lui aussi quelques kilomètres plus loin, à Port Bou, de l’autre côté de la frontière, emporté, écrasé, dévasté par la peste brune qui se propage !
Franck Pavloff convoque l’Histoire et invite ses personnages à un chemin mémoriel. Le libraire de Collioure, toujours de bon conseil, le cheminot qui veille sur l’extraordinaire réseau ferré de Cerbère et garde la mémoire de l’engagement, sa fille qui s’engage à son tour, le violoniste qui vient ici chercher ses racines et qui joue volontiers quelques notes de Pau Casals, ce merveilleux et si symbolique Cant dels ocells (Le chant des oiseaux). Il y a aussi cette fille, insaisissable, qui change régulièrement de prénom. On voit qu’elle cherche tout autant, qu’elle fuit quelque chose.
Sur cette terre d’exil qui résume un peu la marche du monde, la silhouette de cet hôtel est omniprésente. Il a connu des jours meilleurs mais garde dans sa chair le témoignage d’une autre époque. Une époque où les voyageurs faisaient escale dans la cité. On y donnait des fêtes sur le toit-terrasse qui offrait une des plus belles vues sur la grande bleue.
Sur les chemins de la mémoire et de l’exil, chacun peut faire son travail intérieur et tous les personnages de Franck Pavloff sont acteurs de la grande roue du destin qui met les uns et les autres parfois côte à côte, parfois dos à dos, parfois face à face.
Sur les chemins de l’exil, on croise aujourd’hui les migrants qui, venant d’Afrique, ont traversé l’Espagne après avoir pu rallier le continent par bateau. Cerbère est alors pour eux la première gare, synonyme d’espoir d’une vie meilleure au pays des droits de l’Homme. Et c’est cet espoir que partagent Franck Pavloff et ses personnages pour tendre la main à l’autre.
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