Incendies d’églises : «Qui se lèvera pour protéger notre patrimoine ?», avertit Valérie Boyer

Cinq ans après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, les Français ont assisté, impuissants, à la destruction de l’église de Saint-Omer. L’auteur présumé, baptisé « l’incendiaire des églises » est déjà connu pour des faits similaires de destruction par incendie avec 26 condamnations.

Ces faits s’inscrivent dans un antichristianisme d’atmosphère. Outre les dégâts liés à la vétusté, nous assistons à la dégradation volontaire (vols, profanations, incendies, vandalisme…) de nos églises sans en mesurer réellement la portée. Selon l’Observatoire du patrimoine religieux (association créée en 2006), 27 églises ont été incendiées en 2023 et 12 sur les six premiers mois de 2024. Notons également que 10 % des édifices seraient dans un état grave et nécessiteraient des travaux d’urgence, et plus de 30 % seraient dans un état préoccupant et nécessiteraient des travaux à moyen terme. Cela démontre à quel point notre patrimoine est fragile.

Alors que le monde nous envie cette richesse patrimoniale constituée de 45 000 églises, d’ici à 2030, en l’absence de plan de sauvetage, entre 2 500 et 5 000 pourraient disparaître. Un véritable sursaut est urgent et nécessaire pour protéger le patrimoine religieux le plus menacé.

Adopter un plan national

Compte tenu de cette richesse, il est étonnant que nous ne disposions pas de cartographie précise de notre patrimoine, comme le souligne le rapport sénatorial du 6 juillet 2022 (mission d’information sénatoriale sur l’état du patrimoine religieux d’Anne Ventalon et de Pierre Ouzoulias). Ensuite, nous devons adopter un plan national en faveur de la préservation du patrimoine religieux en péril afin d’éviter la disparition totale de certains édifices particulièrement menacés.

Par ailleurs, les maires, notamment ceux des petites communes, font état d’un important frein budgétaire pour le bon entretien et la restauration des édifices cultuels dont ils ont la charge. Comme l’avait justement rappelé Stéphane Bern (au nom de la mission sur le patrimoine en péril demandée par le président de la République), les directions régionales des affaires culturelles (Drac) aident les municipalités à hauteur de 30 % ou 40 %, mais bien souvent, les 20 % qui restent à la charge des communes ne sont pas financés. L’État se doit de les accompagner en confiant par exemple au préfet de département un rôle de coordination dans l’entretien du patrimoine religieux.

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« Dans bien des villages, l’église est le seul élément culturel »

Aussi, qu’elles visent les lieux de culte, les cimetières, les statues ou les calvaires, les profanations ne doivent jamais être ignorées et ne sauraient être tenues pour des infractions ordinaires.

Néanmoins, nous ne disposons pas suffisamment de données statistiques sur la nature de ces profanations, leurs auteurs et les peines encourues par ces derniers. C’est pourquoi, dès 2019 à l’Assemblée nationale, puis en 2023 au Sénat, j’ai demandé la création d’une commission d’enquête sur les profanations dans les lieux de culte et les cimetières.

Créer un secrétariat d’État

Enfin, comme nous l’avons déjà fait le 18 février 2023, avec 131 parlementaires de la droite et du centre, j’appelle le président de la République à défendre nos églises qui constituent l’âme de la France. Cela doit se concrétiser par la création d’un véritable secrétariat d’État en charge du patrimoine.

Dans bien des villages, l’église est souvent le seul élément culturel. Au milieu des architectures modernes, nos églises qui couvrent d’un « blanc manteau » la France, participent au charme et à la physionomie de notre pays. À chaque fois qu’une église est détruite, c’est une part de nous-même qui disparaît. Nos églises ne sont pas de simples bâtiments culturels, elles ont valeur de mémoire collective, d’enracinement et d’identité.

L’universalisme chrétien a été repris par la monarchie, puis par la République. Sans les racines chrétiennes, pas de Lumières. Sans les Évangiles, pas de Déclaration des droits de l’homme. Voilà une réalité historique. C’est pourquoi nous sommes tous les dépositaires de cette histoire.

Alors que certains proposent la négation de nos racines, proposons la protection et la préservation de notre mémoire à travers notre patrimoine, pour réconcilier la France avec elle-même.

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