Fillette de 3 ans frappée par son institutrice à Paris : ce que l’on sait des enquêtes en cours

Une élève de maternelle a été frappée par sa maîtresse le lendemain de sa rentrée scolaire dans une école du XVe arrondissement de Paris. Une enquête pénale et une enquête administrative ont été ouvertes.

La vidéo publiée lundi sur les réseaux sociaux a déjà été visionnée plus d’un million de fois. Le 3 septembre, au lendemain de la rentrée des classes, une enseignante de l’école maternelle Frères-Voisins à Paris a frappé une enfant de trois ans en proie à une forte crise de larmes. Sur l’enregistrement, on voit la maîtresse asséner un coup violent sur le dos de la petite fille, au point de la faire tomber. Ses camarades de classe, âgés de trois ans, assistent à la scène, visiblement démunis. L’enseignante met alors la fillette au coin, puis lui asperge le visage d’un liquide non identifié. Et lui lance : «Voilà, ça fait du bien, là»?. 

La vidéo a été filmée par une autre maman présente dans la classe pour l’adaptation de son enfant. Elle a montré la vidéo à la mère de la fillette jeudi 5 septembre. Cette dernière est immédiatement allée déposer une plainte dans un commissariat des Hauts-de-Seine contre la maîtresse pour dénoncer des violences aggravées sur une personne vulnérable, dans un établissement scolaire et perpétrées par une personne qui réalise une mission de service public. Que s’est-il passé ? Pourquoi la personne qui filme n’est-elle pas intervenue ? Que risque l’institutrice ? Le Figaro fait le point. 

Que s’est-il passé ? 

Les faits se sont produits le mardi 3 septembre dernier, au lendemain de la rentrée scolaire. Sur TPMP, la mère de la fillette a précisé que la vidéo a été enregistrée à 9h00, soit 15 minutes après son départ. Le jour même, la petite fille a raconté la scène à sa mère : «Elle m’a dit que la maîtresse l’avait tapée. Elle m’a dit :’’Maman, vérifie mon dos, il est rouge’’». Elle ne l’a pas immédiatement crue, à regret : «J’ai pensé qu’elle ne voulait pas aller à l’école. Je n’ai pas imaginé ça», se désole-t-elle. 

La mère de l’enfant de trois ans découvre finalement la vidéo deux jours après les faits. Selon elle, la personne qui a filmé n’arrivait pas à la trouver. Jeudi, à 16h30, elle l’intercepte et lui demande si c’est bien sa fille : «Nous sommes ensuite entrés dans la salle de classe et elle m’a montré la vidéo. J’étais choquée. Je suis tombée sur la maîtresse mais je n’ai rien dit. J’ai cherché la directrice, je ne l’ai pas trouvée. Je suis donc allée au commissariat», détaille-t-elle.   

Aujourd’hui, la mère de famille se dit encore choquée et ne comprend pas la réaction de la maîtresse. «C’est normal que ma fille pleure derrière moi, elle est en petite section, elle n’est jamais allée à la crèche. Elle a toujours été avec moi», explique-t-elle à Cyril Hanouna. Sa fille, elle, ne veut ni retourner à l’école, ni sortir, ni jouer avec ses frères. «Elle ne fait que pleurer», dévoile la mère. 

La personne qui a filmé aurait-elle dû intervenir ? 

Beaucoup d’interrogations se portent aussi sur la personne qui a filmé la scène. Avait-elle raison de filmer ? Pourquoi n’est-elle pas intervenue ? D’après maître Vanessa Edberg, la personne qui a assisté à la scène est une «mère étrangère». Elle était présente pour faire l’adaptation de son enfant en petite section. «Cette maman a été très choquée par la scène et elle ne connaît pas les pratiques en France. On l’entend dire derrière : ’’C’est grave, c’est grave’’», fait savoir l’avocate. 

Interrogée sur le sujet ce matin sur RTL, la procureure de Paris Laure Beccuau a affirmé qu’il appartenait à chacun de faire son propre raisonnement. «C’est vrai qu’on peut être quelque peu surpris du fait de filmer, de cette non-intervention. Si les faits de violences tels qu’ils semblent être répercutés par les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux sont avérés, l’intervention était sans doute la meilleure des solutions», estime la procureure.  

L’institutrice est suspendue en attendant 

L’institutrice est une personne âgée de 50 ans. D’après le maire du XVe, elle enseigne dans cette école depuis environ dix ans. Le recteur de Paris affirme aussi qu’elle est titulaire depuis 20 ans et que son dossier ne mentionne aucun problème «de quelque nature que ce soit». Au journal France Info, le rectorat a déclaré qu’elle avait immédiatement reconnu les faits et qu’elle s’en est excusée. Elle évoque une classe surchargée – 26 élèves ce jour-là selon nos confrères – et une ambiance agitée.

Son avocat, Maître Hazan, a affirmé que sa cliente «était en état de choc». Elle «regrette profondément son geste et a une pensée émue pour la jeune élève». «On connaît tous le désarroi des enseignants, cette situation n’excuse en rien le geste de ma cliente mais elle peut en partie l’expliquer», a-t-il ajouté. Il précise également que sa cliente avait fait l’objet d’un signalement en 2012 pour des faits similaires dans la même école. «Des accusations jugées calomnieuses pour l’avocat, que sa cliente avait démenties et qui n’avaient fait l’objet d’aucune poursuite», note France Info. En attendant les suites de l’enquête, elle a été suspendue et remplacée.

Deux enquêtes ouvertes : une pénale et une administrative

Le parquet de Nanterre a décidé l’ouverture d’une enquête préliminaire et l’éducation nationale une enquête administrative. Selon la procureure de la République Laure Beccuau, le parquet de Paris pourrait être saisi «car il est compétent sur les lieux des faits» «Si les faits sont avérés et confirmés, il s’agit de faits de violences, il conviendra de déterminer l’incapacité totale de travail pour cet enfant (ITT) et j’ai cru comprendre que les examens médicaux étaient en cours, ordonnés par le parquet de Nanterre», a ajouté la procureure. «Et en fonction des circonstances aggravantes, qui peuvent être plurielles dans ce dossier, les peines peuvent s’échelonner entre trois et sept ans d’emprisonnement et des peines d’amendes», conclut-elle. 

Pour maître Vanessa Edberg, il y a «d’autres éléments anormaux» : «la maîtresse fermait la porte à clé une fois que les parents partaient. Il faut avoir conscience que tout cela s’est passé devant une maman qui était dans la classe», avance-t-elle. D’après elle, plusieurs parents de l’école envisagent de déposer plainte à leur tour. Ils ont interrogé leurs enfants qui disent eux aussi avoir été victimes de cette enseignante ces dernières années.

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