Budget 2025 : dans le secret des derniers arbitrages de Michel Barnier

« On peut choisir maintenant où trouver des économies pour réduire le déficit ou attendre que le FMI nous impose ses choix ! » À quelques jours de la présentation du budget, Bercy joue la dramatisation. Moins alarmiste, Matignon souligne que l’écart entre les taux d’emprunts de la France et l’Allemagne sur les marchés s’est légèrement réduit après la confirmation par le Premier ministre, cette semaine, d’un plan d’économie de 60 milliards d’euros. « Le trésor a levé 12 milliards d’euros sur les marchés ces derniers jours, à un taux raisonnable, indique une source haut placée, mais il faut rester vigilant. » Soucieux de placer les parlementaires face aux enjeux du budget, le duo Matignon-Bercy prépare ces dernières heures un argumentaire implacable sur lequel Michel Barnier va s’appuyer, notamment au travers d’un certain nombre de mises au point, dont le JDD a obtenu le détail.

Première mise au point, la France n’entre pas dans une période d’austérité. La dépense publique va continuer de croître en 2025 à hauteur de + 2,21 %. Le gouvernement s’impose simplement un peu plus de discipline, après les augmentations de 4,2 % en 2023 et 2024. Un choix dicté en partie par la nécessaire préservation de la signature de la France sur les marchés et la trajectoire imposée par Bruxelles pour ramener le déficit sous la barre des 3 % en 2029, mais pas seulement. « Il faut bien comprendre que si les contributions des Français sont absorbées par le remboursement des intérêts croissants de la dette au détriment du financement de l’économie, on ne sera plus capable de déclencher des protections type chômage partiel, comme lors de la crise Covid, ou bouclier tarifaire, lors de la crise énergétique », explique-t-on à Bercy. En clair : préserver des marges de manœuvre revient à réarmer un État protecteur en cas de besoin.

Pour autant, le cabinet du Premier ministre récuse toute inversion de la politique de l’offre et d’allègement de la fiscalité déployée par Emmanuel Macron depuis 2017, et qui a notamment permis de renforcer l’attractivité et de faire baisser le chômage. « Nous ne relèverons pas l’impôt sur les sociétés qui est tombé de 33 % à 25 % », confirme-t-on au JDD. Le dispositif arbitré définitivement ce week-end consiste en une contribution exceptionnelle des très grandes entreprises, répartie en deux paliers : un premier taux pour celles réalisant entre un et trois milliards d’euros de chiffre d’affaires, et une taxe un peu plus élevée au-dessus de trois milliards. « La temporalité de cette contribution sera inscrite noir sur blanc dans le texte budgétaire pour une durée maximale de deux ans », nous précise-t-on.

Seraient concernées un peu plus de 300 entreprises pour un gain attendu : 8,5 milliards d’euros. Soit près de la moitié de l’effort fiscal total demandé par Michel Barnier. En coulisses, le gouvernement a testé la mesure auprès des principaux concernés. « Cela n’est jamais agréable de devoir payer un peu plus, mais nos interlocuteurs font preuve de compréhension et ont bien compris que ça ne remet pas en cause la politique de l’offre », précise un agent traitant de l’État auprès des grands patrons. Politiquement, il sera compliqué pour Gabriel Attal et Gérald Darmanin de prétendre que cette mesure est une remise en cause des engagements d’Emmanuel Macron dont ils seraient les gardiens.

En 2017, alors même que l’amorce de la baisse de la fiscalité des entreprises n’était pas encore amorcée, Bruno Le Maire et son ministre des Comptes publics, un certain Darmanin, avaient eu recours au même dispositif de surtaxe temporaire pour tenir l’objectif des 3 %. « C’est un copié-collé de ce qu’ils avaient mis en place, souligne l’entourage de Michel Barnier, et pour le coup avec un IS à 33 %, cela représentait un vrai coup de massue supplémentaire ! » Il n’y aura donc, selon Matignon, aucun accroc majeur à la compétitivité.

La suite après cette publicité

La France n’entre pas dans une période d’austérité

Autre contre-vérité sur laquelle Matignon peaufine son contre-argumentaire : l’effort demandé aux retraités. Le décalage de l’indexation des pensions de retraite de 6 mois, du 1er janvier au 1er juillet serait injuste et insupportable pour les plus fragiles, du point de vue des oppositions. « Faux », tranche-t-on à Matignon. Pour rappel, au 1er janvier 2024, les pensions de retraite ont été indexées à hauteur de 5,3 % alors même que l’inflation cette année pourrait au final passer sous les 2 %. Même en décalant de six mois l’indexation pour 2025, le gain de pouvoir d’achat des pensionnés resterait supérieur à la hausse du coût de la vie. Étant précisé que le minimum vieillesse lui sera bien rehaussé au 1er janvier. En volume, l’effort consenti par les anciens représenterait 4 milliards d’euros sur un poste de dépenses de 400 milliards.

Ajoutés aux 8,5 milliards de contribution des entreprises, le gouvernement atteindrait ainsi, avec ces deux postes fiscaux, près de 13 milliards de recettes, le reste pour atteindre la barre des 20 étant prélevé sur les revenus des contribuables les plus riches, sur la base de 500 000 euros de revenus annuels pour un couple sans enfant. Reste que cette répartition n’est pas gravée dans le marbre, a insisté Michel Barnier lui-même. « Pas d’idéologie », « des solutions concrètes », « je n’ai pas réponse à tout »… Face aux levées de boucliers et aux lignes rouges brandies parfois par ses propres soutiens dans les rangs LR ou macronistes, le Premier ministre n’a lui aucune exigence intangible. Si, pour atteindre 20 milliards de recettes fiscales, d’autres ont de meilleures idées capables de faire consensus, Michel Barnier est preneur.

Cet écrit a été rendu du mieux possible. Au cas où vous projetez de présenter des renseignements complémentaires à cet article sur le sujet « La Charente s’expose » vous pouvez écrire aux contacts affichés sur ce site. charente-expo.com vous présente de lire cet article autour du sujet « La Charente s’expose ». charente-expo.com est une plateforme d’information qui réunit de multiples informations publiés sur le web dont le domaine principal est « La Charente s’expose ». Connectez-vous sur notre site charente-expo.com et nos réseaux sociaux dans l’optique d’être informé des prochaines communications.