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Quatre ans après l’assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) et un an après celui de Dominique Bernard à Arras (Pas-de-Calais), les demandes de protection adressées par les enseignants et chefs d’établissements à leur hiérarchie face aux menaces ou agressions ont augmenté.
Elles sont aussi mieux prises en compte, d’après les données du ministère de l’Education, mais de manière encore inégale.
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Hausse des demandes de 29% sur un an
Selon un bilan annuel, les demandes de protection fonctionnelle des personnels de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur (la protection à laquelle ont droit les fonctionnaires de la part de la collectivité qui les emploie) ont augmenté de manière « significative » en 2023.
On parle de 5 264 demandes, soit une hausse de 29 % sur un an (après +15% entre 2021 et 2022), avec un taux d’octroi de 72,1 %. Principal motif de ces demandes : les « atteintes morales » (diffamations, menaces, injures, outrages), dont les auteurs sont essentiellement des usagers (parents, élèves, étudiants).
La publication en novembre 2020, juste après l’assassinat de Samuel Paty, d’une circulaire appelant à une meilleure prise en compte et un « suivi systématique » des menaces ou agressions, a notamment contribué à l’essor de ce dispositif.
Il prévoit le remboursement des frais d’avocat, une assistance juridique, la réparation des préjudices subis et des mesures de soutien (comme le courrier, la prise en charge médicale, ou encore une enquête administrative).
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Un dispositif encore « très méconnu »
« C’était très méconnu », estime Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat SE-Unsa. Selon elle, « les incidents qui se multiplient obligent l’institution à toujours mieux informer et à toujours être plus vigilante ».
Même constat du côté du côté du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. « Il y a eu une période où la protection fonctionnelle, il fallait se battre vraiment pour l’avoir », explique sa secrétaire générale, Guislaine David.
Il y a une prise en compte plus rapide des problématiques, par exemple des parents ou des enfants qui peuvent être violents.
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« Un avant et un après » Samuel Paty
Cette évolution, Vincent Loustau, directeur d’une école classée Rep+ en Seine-et-Marne et responsable syndical CFDT, l’a vécue.
La première fois qu’il a demandé la protection fonctionnelle, il y a plus de 10 ans après une agression par un parent d’élève, il a « fait absolument toutes les démarches tout seul » et n’a « reçu aucune manifestation d’empathie » de sa hiérarchie, dit-il.
Quand il l’a redemandée il y a trois ans, après une agression au couteau devant son école, « ça a été un changement complet d’attitude. On a eu une descente de l’inspection, des conseillers pédagogiques et la direction des ressources humaines (du rectorat) nous a rappelés trois fois », raconte-t-il.
Pour lui, « Samuel Paty a marqué un gros changement, surtout dans les comportements hiérarchiques. Il y a vraiment un avant et un après ».
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Encore du chemin à faire
Pourtant, tous n’ont pas eu la même expérience, et les syndicats constatent encore de grande disparité de traitement et des lenteurs administratives.
Menacée sur les réseaux sociaux suite à un incident en lien avec le respect de la laïcité il y a un peu plus de deux ans, Christelle, enseignante syndiquée à la CFDT, dit avoir dû « faire les démarches elle-même ».
À aucun moment, mon employeur ne nous a contactés pour voir comment on allait et pour nous proposer la protection fonctionnelle.
Sophie, professeure dans l’Essonne, syndiquée au Snes-FSU, a dû aussi prendre les chose en main après un harcèlement sexuel il y a trois ans.
On n’a jamais été vraiment informés de ce qu’il en était de ce dossier, et on n’a pas été spécialement accompagnés.
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« C’est très variable d’une académie à l’autre »
Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, la réponse de l’institution « reste trop dépendante soit d’une volonté humaine, soit des moyens humains ».
« C’est très variable d’une académie à l’autre », renchérit Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d’établissements. Il ajoute que « les cellules d’écoute et d’accompagnement des rectorats sont plus ou moins équipées et plus ou moins disposées à faire ce travail ».
Un rapport sénatorial avait pointé en mars la « terrible solitude » des enseignants face aux menaces et agressions. Mettant en exergue des « délais moyens d’octroi de la protection fonctionnelle (29 jours en 2022) » qui ne sont « guère compatibles » avec l’urgence, il proposait de « rendre automatique l’octroi » de cette protection pour les agents victimes d’agressions ou de menaces.
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Source : © 2024 AFP
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